Chaque 25 novembre marque le début des 16 jours d'activisme contre les violences basé sur le genre, une campagne mondiale qui s'étend jusqu'au 10 décembre. Cette année, Eleza Fact s'engage pleinement dans la lutte contre un phénomène en forte croissance : les violences numériques visant les femmes et les filles. Sous le thème global « S'UNIR pour mettre fin aux violences numériques contre toutes les femmes et les filles », nous lançons l'initiative « Orangez le numérique », un appel à mobiliser les plateformes, les communautés et les internautes pour créer un espace en ligne plus sûr.
À l'échelle mondiale, l'Organisation des Nations Unies (ONU) dresse un constat alarmant qui illustre l'ampleur du problème : 38 % des femmes disent avoir personnellement été victimes de violence en ligne, et 85 % des femmes présentes sur Internet affirment avoir été témoins d'attaques numériques visant d'autres femmes. Selon la même source, la désinformation et la diffamation constituent les formes les plus répandues de violence numérique, touchant 67 % des femmes et des filles qui en ont été victimes. Ces chiffres, qui renvoient une réalité mondiale, résonnent fortement avec la situation liée en RDC.
Depuis plusieurs années, la République démocratique du Congo (RDC) connaît une intensification alarmante des violences numériques sexistes. Ces violences ne sont pas que virtuelles : elles brisent des réputations, détruisent des carrières, provoquent l'isolement, des troubles psychologiques, des ruptures familiales et, dans certains cas, mènent jusqu'au suicide. La particularité de ce phénomène en RDC est son caractère massif, viral et normalisé. Sur Facebook, TikTok, X (ex-Twitter), WhatsApp et Telegram, les femmes sont exposées à des attaques quotidiennes sous forme d'insultes, humiliation, manipulation d'images, rumeurs sexistes, sextorsion, vengeance porno ou diffusion non consentie de contenus intimes.
Des victimes exposées
Au cours des derniers mois, de nombreuses femmes congolaises, qu'elles soient des personnalités publiques, influentes ou inconnues, ont été victimes de violences numériques massives.
En RDC, des pages Facebook et certains groupes WhatsApp et Telegram publient régulièrement des nudes et sextapes de jeunes femmes, souvent sous la mention « mutakalisé ». Ces contenus sont diffusés sans consentement, accompagnés de moqueries ou d'insultes sexistes, et deviennent rapidement viraux.
La ministre des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, a récemment fait l'objet d'attaques en ligne après que sa grossesse est devenue visible. Les commentaires et moqueries ne portaient pas sur ses décisions politiques ni sur sa gestion publique. Ils ciblaient principalement son corps, sa grossesse et des insinuations sexualisées liées à son statut de femme. Au lieu d'un débat sur son action gouvernementale, elle a été exposée à des moqueries misogynes, à des spéculations intrusives sur sa vie privée et à des appels à la démission motivés par des stéréotypes de genre.
Des influenceuses comme Star Joël ou Tabitha Malisawa ont également vu leurs contenus privés — censés le rester — diffusés sans consentement ou accidentellement, les exposant à un harcèlement massif.
La couleur orange comme symbole
La couleur orange symbolise un avenir sans violence. En lançant « Orangez le numérique », Eleza Fact invite les internautes et plateformes à s'engager pour un Internet plus sûr. Tout au long des 16 jours, Eleza Fact publiera des analyses, capsules pédagogiques, conseils de prévention et enquêtes sur les mécanismes de la cyberviolence sexiste.
