Le 26 septembre, l'Organisation mondiale de la Santé a annoncé au Rwanda le début de l'épidémie Marburg qui a fait jusque-là 26 cas confirmés et 6 décès signalés à la fin de septembre 2024. Depuis, une information circule sur les réseaux sociaux, affirmant qu'un premier cas de Marburg avait été confirmé à Goma, dans l'est de la République Démocratique du Congo depuis plusieurs semaines, alimentant ainsi l'inquiétude de la population. Cependant, Eleza Fact a contacté le Programme élargi de vaccination au Nord-Kivu, l’Organisation mondiale de la Santé et aucune de ces sources n’a confirmé cette allégation.
Affirmation de l’infox
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« Nord-Kivu : un cas du virus de Marburg, signalé il y a quelques semaines au Rwanda, vient d'être confirmé à Goma (RTNC) », a-t-il rapporté ce jeudi 10 octobre à 12h de Goma, suscitant 207 vues sur X.
Un cas suspect se diffère d'un cas confirmé
Eleza Fact a contacté le médecin coordonnateur du Programme élargi de vaccination (PEV) au Nord-Kivu, Dr Hans Bateyi, pour étayer la différence entre un cas confirmé et un cas suspect.
« C'est un cas qui a été suspecté et isolé, après, on l'a examiné au moment du résultat, on a constaté que le résultat est sorti négatif, après, on la retire de son isolement », a-t-il précisé.
Nous avons aussi contacté la cellule de communication régionale de l’OMS, Marleine Dimegni qui nous a également signifié : « Toute information circulant sur ce sujet et annonçant la confirmation de ce cas ici à Goma est fausse, le cas était juste suspecté et était soumis au test, le résultat est bel et bien sorti négatif ».
L'auteur de la fausse information a affirmé que la Radio Télévision Nationale Congolaise (RTNC) était la source, mais en consultant l'article de la RTNC, il est clair que la station a écrit « Goma : La ville enregistre le premier cas du virus de Marburg», sans préciser si ce cas était confirmé ou simplement suspect. Cette omission de la RTNC a contribué à la confusion, laissant croire à certains qu'il s'agissait d'un cas confirmé, alors qu'aucune autorité n'a validé cette information.
Nous avons parcouru d’autres sites web crédibles d’informations de la République democratique du Congo, dont Digital Congo, Radio Okapi, Goriila Fm RDC, qui précisent que « le cas n’est pas un cas confirmé, mais un cas suspecté ». Avec la proximité, les échanges quotidiens entre Goma et la ville rwandaise de Gisenyi, situées à quelques kilomètres l'une de l'autre, la crainte d'une propagation du virus à Goma (Est de la RDC) est bien réelle.
Qu'est-ce que le virus de Marbourg ?
Selon l’OMS, la maladie à virus Marburg (MVM) est une pathologie grave et souvent mortelle, classée parmi les fièvres hémorragiques virales. Elle se caractérise par des hémorragies internes sévères et un taux de létalité pouvant atteindre 50%, variant toutefois de 24 % à 88% lors des épidémies passées en fonction de la souche et des soins reçus. Bien qu'aucun traitement spécifique ne soit encore homologué pour neutraliser le virus, des soins précoces comme la réhydratation et le traitement symptomatique peuvent augmenter les chances de survie. Le virus est transmis à l'homme par la roussette d'Egypte (Rousettus aegypticus), une espèce de chauve-souris considérée comme son hôte naturel.
Dans cet article de la Radio Okapi (lien archivé) le médecin coordonnateur du Programme élargi de vaccination (PEV) au Nord-Kivu, Dr Hans Bateyi recommande le respect des mesures barrières pour éviter la propagation de la maladie à Goma.
« C’est une épidémie qui sévit dans plusieurs pays limitrophes. En Tanzanie, en Ouganda et depuis un certain temps, au Rwanda où sévit l’épidémie de Virus de Marburg. Et dans la ville proche de Goma, la ville de Gisenyi à Rubavu, on a eu un cas. Or, quand vous voyez Gisenyi et Goma, ce sont deux villes frontalières, et la population se côtoie, il y a des mouvements d’entrée et de sortie, et nous sommes les plus exposés à être contaminés également par cette maladie », a-t-il alerté.
Conclusion
Après vérification, il est clair que l'information selon laquelle un cas du virus Marburg a été confirmé à Goma est infondée. Le PEV et l’OMS ont démontré clairement qu'il s'agit d’un cas suspect et non confirmé.
En effet, un cas est dit suspect, quand une personne qui présente des symptômes compatibles avec la maladie, mais qui n'a pas encore été testé ou qui attend les résultats des tests, tandis qu'un cas est dit confirmé lorsqu'un personne a été testée et qu'un laboratoire de la RDC dont l'institut national de recherche biomédicale (INRB) confirme la présence de l'agent pathogène par exemple par un test PCR « Polymerase chain reaction » ou une détection d'antigène.
La désinformation liée à la santé peut causer des dommages graves en stigmatisant les populations, en créant une méfiance envers les organisations de santé, et en compromettant les efforts de lutte contre les maladies. Il est donc essentiel de vérifier les informations avant de les relayer.
Édité par Esdras Tsongo