Contexte
Le communiqué récemment publié par l’Université de Kinshasa le 20 décembre a suscité confusion et interprétations variées au sein de la population. D'une part, certains affirment que le comité de gestion de l'UNIKIN a accordé aux étudiants la possibilité de défendre et de présenter le résumé de leur mémoire dans l'une des quatre langues nationales de la RDC. D'autre part, certains estiment qu'il s'agit uniquement d'une autorisation de traduire le résumé dans l'une de ces langues.
Pour clarifier cette information, nous avons examiné la lettre du comité de gestion de l'UNIKIN et pris contact avec l’attaché de presse du recteur de l'institution. Nous avons également mené des recherches auprès d'autres médias fiables. Nos investigations ont révélé que les étudiants ne sont autorisés qu'à traduire le résumé de leur mémoire dans l'une des quatre langues nationales, et non à défendre leur travail dans ces langues.
Déclaration
Jérémie Masheki déclare dans un post publié sur son compte Facebook (lien archivé) : « Seules les langues nationales sont autorisées à la défense des étudiants finalistes de l'université de Kinshasa ». Ce post a généré 112 commentaires jusqu'à ce samedi 21 décembre.
D’autre part, c’est l’internaute Serge Kadhafi qui relaye la même information sur son compte x ( ex Twitter ) : « Urgent Unikin les défenses en langue nationale sont désormais permis!!! Qu’en pensez vous ?? » (texte sans correction), un post qui a généré plus de 99.500 vues, 1010 mentions j’aimes, 131 reposts et 41 citations selon le dernier décompte effectué par Eleza Fact ce dimanche 22 décembre.
Ces publications ont suscité intérêt et confusion au sein de la population, c’est par exemple cet internaute qui demande : « Défendre en langue nationale ??
Ou soit traduire les résumés en une des langues nationales ??
Pour sa part, un autre internaute pense que le message a été mal interprété « Vous avez mal compris le message. C'est plutôt traduire le résumé à l'une des langues nationales. Il faut bien vous ressourcer avant d'informer le public »
Une présentation du résumé des mémoires dans l’une des quatres langues nationales
Pour débuter nos recherches, nous avons exploité la lettre publiée sur le compte Facebook officiel de l’université de Kinshasa(Lien archivé). Cette dernière renseigne dès le début que c’est plutôt la traduction et la présentation du résumé des mémoires de fin cycle dans l’une des langues nationales et non la défense intégrale des mémoires dans une des quatre langues nationales.
« Faisant suite à la recommandation du Comité de Gestion lors de sa réunion du 11 décembre 2024 denier. j'ai l'honneur de vous saluer et vous inviter à veiller à ce que chaque étudiant présente le résumé de son mémoire dans l’une des langues nationale (Swahili, Tshiluba, Lingala et Kikongo) en plus du Français », indique le secrétaire général académique, le professeur docteur Charles Odiko lokangaka.
Capture effectuée par Eleza Fact montrant la lettre du comité de gestion de l'UNIKIN relative à la traduction des résumés des mémoires de fin de cycle dans l’une des langues nationales.
Nous avons également pris contact avec Jérémie Kunima, attaché de presse et chargé de Communication du Recteur de l'Université de Kinshasa, le Professeur Jean-Marie Kayembe Nyumba. Réagissant à nos questions, celui-ci renseigne qu'il s’agit plutôt de présenter le résumé de mémoire dans l’une des quatres langues nationales et non de défendre dans ces langues.
« Le texte est clair. "Présenter" Ici ne signifie pas défendre son mémoire dans l'une des 4 langues nationales. Ça revêt plutôt l'idée de traduire le résumé dans l'une de ces langues. C'est-à-dire, déposer aussi un résumé du travail rédigé dans l'une de ces 4 langues nationales », précise-t-il à Eleza Fact.
Nous avons également pris contact par e-mail avec le rectorat de l’Université de Kinshasa. En réponse à nos interrogations, nous avons reçu un communiqué du Secrétariat Général Académique de l'UNIKIN concernant la clarification sur l'instruction relative à la traduction des résumés des mémoires de fin de cycle dans l'une des langues nationales.
« En effet, cette instruction, qui émane d'une résolution du Comité de Gestion, ne concerne que le résumé de 10 lignes à présenter au dos de la couverture du mémoire (comme l'abstract en anglais) et non l'exposé ou la présentation orale des résultats de recherche devant un jury de défense», précise le deuxième paragraphe du communiqué.
Capture d’écran effectuée par Eleza Fact montrant le communiqué du secrétariat général académique de L'UNIKIN sur la mise au point relative l’instruction sur la traduction des résumés des mémoires de fin de cycles.
Pour parfaire nos recherches, nous avons consulté certains médias en ligne comme économie.cd, selon un article (lien archivé) publié ce samedi 21 décembre sur son site internet, il s’agit de la présentation de résumé des mémoire dans l’une des quatres langues nationales.
« Dans une nouvelle initiative visant à promouvoir la diversité linguistique, l'université de Kinshasa a annoncé que tous les étudiants devront désormais présenter le résumé de leurs mémoires dans l'une des langues nationales de la République démocratique du Congo. Cette décision fait suite à une recommandation du comité de gestion lors de sa réunion du 11 décembre 2024. L'université met ainsi l'accent sur l'importance des langues régionales dans le cadre de l'éducation et de la recherche ». Lit-on dans l’article de Economie.cd.
Présentation du résumé, différente de la défense en langues nationales .
Présenter le résumé du mémoire dans une des 4 langues nationales signifie qu'il faut traduire ce résumé. Il s'agit donc de rendre accessible l'essentiel du travail à un plus large public, sans entrer dans les détails ni s'engager dans une argumentation.
En revanche, présenter et défendre le résumé de son mémoire implique une interaction active. L'auteur du mémoire ne se contente pas d'exposer l'essentiel de son travail ; il doit aussi le justifier, en expliquer les points clés, et répondre aux questions des examinateurs. Il s'agit d'une étape plus exigeante qui met en valeur la compréhension, la maîtrise et la capacité de l'étudiant à défendre ses conclusions et sa méthodologie.
Conclusion
Contrairement aux affirmations de plusieurs internautes et médias, selon les directives actuelles l’université de Kinshasa n’a pas autorisé la défense des mémoires de fin de cycle dans les langues nationales. L'autorisation porte uniquement sur la traduction du résumé du mémoire dans l'une des quatre langues nationales de la RDC.
La propagation de cette information pourrait engendrer des confusions au sein de la population. Il est donc important de s'appuyer sur des sources officielles et vérifiées avant de diffuser des informations, afin d'éviter toute confusion et désinformation.
Edité par Daniel Makeke