Contexte
Une vidéo montrant des cercueils de couleur blanche avec des croix et quelques personnes en pleurs est partagée sur les réseaux sociaux, notamment Tiktok. La légende accompagnant la vidéo affirme qu'il s'agit du premier lot des Kuluna condamnés à mort par la justice congolaise qui venait d'être exécuté en RDC.
Pour vérifier ces allégations, nous avons utilisé des outils de recherche d'image Google Lens et Tin Eye . Nous avons également contacté le porte-parole du ministre de la justice en RDC. Cependant, après des recherches approfondies et l'utilisation d'outils de recherche d'images inversées, il s'est avéré que la vidéo sort de son véritable contexte.
Légende de l'infox
« Le premier lot de Kuluna qui vient d'être exécuté en RDC. Votre point de vue sur cette loi », affirme Jackson Malengo dans cette vidéo publiée sur son compte TikTok comptant à ce jour plus de 27 mille abonnés.
La vidéo a accumulé 75 mille mentions « j'aime », 13 mille commentaires et 19 mille partages jusqu'au 6 janvier 2024 à 14h53, heure de Goma.
Le post a intéressé plusieurs utilisateurs du réseau social TikTok, dont certains croient à la véracité de cette information. « Le droit de l'homme doit intervenir très urgemment l onu doit intervenir » (sans correction), a commenté un internaute. Un autre utilisateur a dit, réagissant à la publication : « Pour finir avec le Kuluna c'est d'abord créer les emplois les gens présentent » (sans correction).
Une vidéo sortie de son vrai contexte
Eleza Fact a entrepris une recherche indépendante pour rétablir l'authenticité de cette vidéo. Nous avons contacté le porte-parole du ministre de la Justice, Yves Kisombe, qui dément fermement cette information.
« C'est faux. Le ministre de la Justice a démenti lui-même cette information qui circule sur les réseaux sociaux. Effectivement la peine de mort est prévue, elle est légale, il ne s'agit pas d'exécution extra judiciaire, c'est la politique du gouvernement par rapport à la souffrance de la population qui subit des assassinats, des vols. Mais à ce stade, aucun Kuluna n'a été exécuté », a-t-il déclaré à Eleza Fact.
Poursuivant nos recherches, nous avons utilisé l'outil Google Lens, qui nous a ramené vers ce reportage (lien archivé ) du média international France 24. En effet, ce reportage du 18 septembre 2023 revient sur l'inhumation de 57 corps des victimes du carnage du 30 août 2023 à Goma au cimetière Makao, situé au nord de Goma, dans le territoire de Nyiragongo en province du Nord-Kivu, incident survenu à Goma.
Par ailleurs, Kivu Morning a publié cet article ( lien archivé ) le 19 septembre 2023 qui couvrait l'inhumation de 57 corps de victimes du fameux incident ayant mené au carnage du 30 août à Goma. Les quelques séquences ayant constitué la vidéo de l'infox sur les Kulunas sont reprises en image de couverture de cet article, prouvant ainsi que cette vidéo faisant état de l'exécution des Kulunas à Kinshasa est en réalité une vidéo prise à Goma, longtemps avant l'affaire des Kulunas.
Le carnage du 30 août 2023 à Goma
Les jours précédant le massacre du 30 août 2023 à Goma, une secte mystico-religieuse appelée « Wazalendo » avait annoncé une marche contre la présence de la MONUSCO en RDC, notamment au Nord-Kivu, pour leur échec et inefficacité face à l'insécurité à l'est de la RDC, selon cet article (lien archivé) de la VOA.
Le 30 août 2023, le jour annoncé de la marche, l'armée congolaise a lancé une opération (lien archivé) de répression contre ladite marche, ce qui a débouché à la mort des 57 personnes.
Conclusion
Cette vidéo montrant des cercueils de couleur blanche avec des croix et quelques personnes en pleurs n'a aucun rapport avec l'exécution des Kuluna en RDC. Après avoir contacté le porte-parole du ministre de la Justice Yves Kisombe, et en utilisant l'outil Google Lens, nous avons constaté que la vidéo est sortie de son vrai contexte. Cette vidéo a été prise le 18 septembre 2023 au cimetière Makao situé dans le territoire de Nyiragongo au Nord-Kivu lors de l'inhumation de 57 corps de victimes du carnage du 30 août en ville de Goma.
Une raison pour nous d'inviter tous les utilisateurs des réseaux sociaux numériques à s'assurer de l'authenticité du contenu avant de le publier.
Édité par Daniel Makeke