Contexte
Ce mardi 10 octobre, le Dr Dénis Mukwege, célèbre gynécologue congolais et prix Nobel de la paix de 2018 , se retrouve au centre d'une polémique après le dépôt de sa candidature à la présidentielle de 2023. Des allégations circulent sur les réseaux sociaux dont Facebook , Twitter et WhatsApp , l'accusant de faire la promotion de l'homosexualité en République démocratique du Congo .
Contenu de l’infox
« Denis Mukwege, nous sommes des bantous. Nous devrions faire l'usage de préserver notre identité. Cette histoire des homosexuels n'honore pas notre culture. Veuillez retourner auprès de tes partenaires occidentaux que cette histoire ne marchera pas au Congo, Monsieur le réparateur des femmes est un membre de LGBT. As-tu déjà vu un chien homosexuel pour nous imposer cette sale culture ? », peut-on lire sur le mur Facebook de Érick Hunt Nakuwila.
Cette même information a d’abord été partagée par nombreux internautes sur Facebook et est devenue virale sur les réseaux sociaux congolais .
Analyse des faits
Contacté par Eleza Fact , Maud Ekila a éclairé l’opinion concernant le tweet du « réparateur des femmes » qui donnait un point de vue la question de genre et le sexe .
« Le Docteur Denis Mukwege est reconnu pour son engagement extraordinaire envers les droits des femmes et sa lutte inébranlable pour mettre fin aux viols et aux violences sexuelles en République démocratique du Congo. Des organisations internationales respectées, notamment l'ONU et Amnesty International, ont salué son travail et souligné son intégrité absolue dans la défense des droits humains. Il est impensable que le Dr Mukwege, connu pour son éthique professionnelle, se livre à des activités de promotion de l'homosexualité ou du genre, sans aucune preuve tangible » , fait-elle savoir.
« L'accusation portée contre l’homme de 68 ans est clairement une manœuvre politique orchestrée pour ternir sa réputation et le discréditer en tant que candidat potentiel à la présidence. Les personnes proches du Dr Mukwege, telles que Maud Salomé, ont catégoriquement nié ces allégations et souligné la nature calomnieuse de cette cabale politique. Il est important de rappeler que la promotion des droits des femmes et des minorités ne doit pas être utilisée comme instrument de manipulation pour détruire la réputation d'une personnalité honorable », ajoute-t-elle.
Aperçu sur l’égalité des sexes
Sur le site internet consulté par Eleza fact, la mission des nations unies au Congo ( MONUSCO ) , elle, affirme que par « genre » on entend la construction socioculturelle des rôles masculins et féminins et des rapports entre les hommes et les femmes.
« L’égalité des sexes, qui est inscrite dans les droits de l’homme, est au cœur de la réalisation des Objectifs du Millénium. Sans elle, il n’est possible de vaincre ni faim, ni pauvreté, ni maladie. Donner aux femmes un pouvoir égal d’intervention dans les décisions qui influent sur leurs vies, du cercle privé familial à celui des institutions publiques les plus élevées, c’est leur donner la clé de leur autonomie » , a ajouté Maud .
Pour elle , l’égalité des droits, des responsabilités et des chances pour les femmes et les hommes, les filles et les garçons ne signifie pas que les femmes et les hommes doivent devenir identiques, mais que leurs droits, leurs responsabilités et opportunités doivent être établis en fonction de leurs capacités, sans discrimination de genre. L’égalité entre les sexes suppose que les intérêts, les besoins et le les priorités des femmes aussi bien que des hommes doivent être pris en considération.
« Confondre la promotion de l'égalité des genres avec la promotion de l'homosexualité est une confusion intentionnelle et malveillante. La lutte pour l'égalité des genres est une cause mondiale visant à garantir les mêmes droits et opportunités à tous, indépendamment du genre. Il est essentiel de distinguer cette noble cause de la promotion de l'orientation sexuelle individuelle »,finit-elle .
Lire aussi : https://monusco.unmissions.org/qu%E2%80%99est-ce-que-le-genre
Le sexe
Alors que « sexe » fait référence aux caractéristiques biologiques, être né(e) homme ou femme, le genre décrit des fonctions sociales assimilées et inculquées culturellement. Le genre est ainsi le résultat des relations de pouvoir présentes dans une société et sa conception est alors dynamique et diffère selon l’évolution du temps, l’environnement, les circonstances particulières et les différences culturelles.
État de lieu sur le genre en RDC
Les violences basées sur le Genre demeurent un problème récurent en RDC. L’enquête en milieu urbain et en milieu semi urbain effectuée en 1999 par le Professeur GAMBEMBO indique que les femmes subissent diverses formes de violences dont physiques, morales, psychologiques et économiques. L’étude montre encore que 53% des femmes, jeunes et petites filles font l’objet de propos injurieux de la part de leurs partenaires masculins du fait de leur sexe, 39% sont victimes de coups et blessures et 27% de pratiques coutumières néfastes.
Malgré le fait que ces violences basées sur le Genre soit un domaine de recherche encore très récent en RDC, les statistiques existantes semblent déjà alarmantes. En effet, déjà pour l’ensemble du pays, sur plus de 6.000 cas des violences sexuelles enregistrés au début de l’année 2009 et à la suite des conflits armés, près de 99,2 % des victimes sont de sexe féminin alors que 0,8% sont de sexe masculin.
En outre, cet état des lieux des violences basées sur le Genre en RDC indique la persistance de plusieurs types des violences, à savoir :
- Les violences liées aux conflits armés(viols, esclavage sexuel, Maternités précoces, Maternités non désirées, Destruction des organes génitaux, Contamination massive au VIH et Sida, Déplacements massifs, Errance, Dislocation familiale et marginalisation, Traumatismes psycho sanitaires, Aggravation de la pauvreté féminine, Tueries sauvages...).
- Les violences sexuelles commises dans les zones hors conflit : viols, y compris de mineurs et d’enfants très jeunes dans les zones minières et dans le milieu scolaire, incestes, harcèlement sexuel, prostitution forcée, prostitution juvénile, mutilations sexuelles etc.
- Les violences socio-économique et culturelles : liées à la persistance des pratiques sociales rétrogrades et sexistes et à la dégradation des conditions de vie (Maltraitance des veuves, spoliation des orphelins, mariages précoces, mariages incestueux, mutilations sexuelles et physiques, croyances à la sorcellerie, infantilisation de la femme, prostitution juvénile ou forcée, etc....) .
Lire aussi : https://genre.gouv.cd/
Conclusion
Les accusations portées contre le Dr Denis Mukwege concernant la promotion de l'homosexualité et du genre sont fausses et ont un caractère politique car né après le dépôt de sa candidature à la présidence. Le Dr Mukwege, prix Nobel de la paix 2018 et défenseur des droits des femmes, a consacré sa vie à lutter contre les atrocités commises contre les femmes en République démocratique du Congo. En effet , consécutivement aux définitions recueillies par rapport au sexe et genre sont différents de la promotion de l’homosexualité.
David Lupemba