Contexte
Une vidéo devenue virale sur TikTok annonce le décès de Constant Mutamba, ministre d’État en charge de la Justice en RDC. Eleza Fact a mené une recherche minutieuse et indépendante via les outils de vérification Google Image Reverse et Google Lens, puis visité les sites web d’informations pour rétablir le vrai contexte de cette vidéo, sortie des faits réels.
Viralité de l’Infox
« Urgent. Constant Mutamba vient de nous quitter suite à l’empoissonnement, testé positif », reprend la légende dans la vidéo postée sur le mur du compte TikTok Eyinda Kaka. Plus de 14.900 personnes ont aimé la vidéo, plus de 3.800 autres ont commenté aux côtés de plus de 3.200 partages.
Saint Padre Pio qui ne croit pas cette information mentionne en commentaire « A cause de bon cœur de S.E.M Constant Mutamba même si il est submergé dans l'océan du poison il ne sera jamais atteint dans le nom de Jésus-Christ ». Même opinion pour Mbaya Keniatha qui poursuit « mdr heureusement moi je suis avec lui ici même ». Plusieurs autres commentaires vont dans le sens de nier la mort de ce cadre du Gouvernement Judith Suminwa.
Une vidéo montée
Pour rétablir le contexte de cette vidéo, nous avons d’abord analysé son contenu et avons constaté qu’elle est montée avec cinq images différentes puis collées les unes contre les autres, avec un son en sourdine adapté au contexte de deuil, mais pas vraiment authentique.
Cette première image, par exemple, date du jeudi 7 mai 2020. Ce jour, Félix Tshisekedi commençait la visite des personnes atteintes du Coronavirus dans les hôpitaux de Kinshasa. La maladie venait déjà de faire 36 morts sur 863 cas confirmés, dont la majorité dans la capitale.
Les deuxième et troisième images de cette vidéo font allusion à la même réalité. Celles-ci remontent au 7 mai 2020. Ce jour, Félix Tshisekedi était en train d’inaugurer un nouveau bâtiment du Centre Médical de Kinshasa (CMK) dédié à la prise en charge médicale des malades de covid-19. Au total, 27 lits venaient d’être opérationnels pour les cas graves sur les 100 lits disponibles. Des images similaires ont aussi été récupérées puis postées par plusieurs autres média en ligne, dont Top Congo .
La quatrième image date, quant à elle, d’avril 2023. Le 8ième jour de ce mois, le président de la République Démocratique du Congo venait de se recueillir sur la dépouille de Gloria Bokele, fille aînée d’Adrien Bokele Djema, alors ministre de pêche et élevage. Gloria Bokele n’était pas que la fille du ministre. Elle était également membre de son cabinet où elle occupait la fonction de secrétaire particulière.
La cinquième image, c’est cette fois Constant Mutamba lui-même. La dernière fois qu’elle a été postée, il y a 20 jours à compter de ce 14 septembre, Félix Tshisekedi soutenait Constant Mutamba dans son bras de fer avec les magistrats et encourageait les réformes initiées au sein du ministère de la Justice.
Après un séjour médical au Cuba, Constant Mutamba de retour à Kinshasa
Le ministre d’État, ministre en charge de la Justice et de la Garde des sceaux, Constant Mutamba, a été évacué, mardi 10 septembre dernier, à Cuba. Ce, afin de bénéficier des soins appropriés après être testé positif au poison. « L’empoisonnement de C. Mutamba a été constaté au lendemain de la tentative d’évasion à la Prison centrale de Makala qui a causé plus de 150 morts » , précise Media Congo.
De retour à Kinshasa ce 16 septembre, le ministre d'État, ministre de la Justice et Garde des Sceaux a réitéré sa détermination à poursuivre les réformes courageuses amorcées dans son secteur. Devant les cadres et agents du ministère de la Justice, Constant Mutamba a vivement salué le soutien du président de la République, Félix Tshisekedi. « Nous allons poursuivre sans relâche les réformes courageuses et audacieuses que nous avons amorcée », a-t-il promis.
Conclusion
La vidéo devenue virale présentant les derniers hommages rendus au ministre congolais en charge de la Justice est fausse, en témoignent les démarches de vérification ici exhibées par Eleza Fact à travers le parcours du site d'information Média Congo et la recherche poussée au moyen de l'outil de vérification d'images Google Lens.
En somme, rien ne sert à divulguer des informations non vérifiées avant de se rassurer de leur authenticité. Puisque cette manière de faire risque d’attiser la tension au sein de la communauté.
Edité par Daniel Makeke